Témoignage de Sylvie d'expérience de "mort partagée" avec son papa

Publié le par Eric

Un grand merci à Sylvie pour ce témoignage ! :

 

Un an après la mort de ma mère, mon père est parti lui aussi des suites d’une gangrène.
Quelques semaines avant son décès, alors que j’étais allée lui rendre visite à la clinique, j’avais trouvé mon père en train de suffoquer sans son lit, bavant, il partait ! Lui qui avait toujours répondu présent pour moi lorsque je l’appelais malgré ses défauts, ses "tares" d’alcoolique, il me quittait ! J’étais paniquée.
Dans un lit à côté de celui de mon père, un voisin de chambrée.
J’avais 43 ans, je n’allais pas me donner en spectacle et exprimer ma panique comme une gamine... Mais plus rien n’a compté à cet instant, balayé mon "grand" âge, le regard éventuel du voisin de chambrée : J’ai pleuré comme une enfant en criant à mon père de revenir, que je l’aimais, que je ne voulais pas qu’il parte !
Moi, sa fille qui l’avais tant snobé, qui avais tellement méprisé ce père que j’avais toujours vu plus comme un ivrogne sans volonté que comme un être humain, que j’avais tellement craint aussi.... Et mon père était revenu, pour moi.
Pour la première fois de ma vie, j’ai connu ma douceur en épongeant le visage en sueur de mon père, en essuyant tendrement le coin de ses lèvres avec un gant humide... Mon père et moi nous Aimions. Lorsque je lui ai dit qu’il pouvait vivre malgré l’amputation de sa jambe, qu’il pouvait guérir, qu’il arrête l’alcool...
Mon père m’a dit cette phrase qui m’aide souvent lorsque je me la remémore : "Tu sais Sylvie, je suis arrivé au bout d’un chemin qui ne finit pas"

Quelques semaines plus tard, après avoir terminé des courses en compagnie d’un de mes fils, je dis à ce dernier : "Je vais passer voir mon père avant de rentrer, sa clinique est à côté" Nous étions en voiture, je devais tourner à gauche pour aller à la clinique, et à droite pour rentrer chez nous ; Je m’apprête donc à tourner à gauche. Ca n’a pas été possible : Un mur invisible m’en empêchait.
J’en fais part à mon fils et n’insiste pas, je me dis que c’est qu’on ne doit pas aller voir mon père, je tourne à droite sans plus chercher à comprendre et nous rentrons.
Vers 23 heures, au moment d’aller nous coucher, j’écoute machinalement le répondeur alors que le téléphone n’avait pas sonné, et là, 3 messages de mon frère qui me prévient que notre père est au plus mal, puis de venir vite car notre père va mourir, et le dernier message pour me dire que c’est trop tard, notre père est mort.
Le "mur invisible" me donna alors sa Réponse : C’était mon père qui, par-delà son corps, m’empêchait d’assister à son Départ, car cette fois, il ne pourrait pas revenir pour moi.
Au lieu d’éprouver du désarroi à l’annonce de la mort de mon père sur le répondeur, j’ai été remplie de gratitude grâce à la Réponse du "mur invisible".(J’ai bien sûr pleuré la disparition du corps de mon père par la suite, cela va sans dire)

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